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[ Les pierres sèches ] Découverte Balades Rencontres Les Niouzes

Rencontres insolites : les pierres sèches, restanques, murs et murets

 

Avant-Propos

Nombreuses sont les rencontres lors de nos balades; vestiges et témoins d'un passé encore récent, les traces de charbonnières, fours à chaux, à cades, aiguiers, bories, moulins, etc., se succèdent.

Randonneurs, nous les cotoyons régulièrement, en connaissons (plus ou moins) leur usage, leur activité, les métiers y découlant. Je dis bien plus ou moins car hélas, le temps qui passe efface bien des souvenirs.

J'ai pensé qu'il ne serait pas vain de réveiller, de rappeler ce qu'étaient ces ouvrages, d'éclairer les visiteurs de notre si belle Provence, d'où la création de cette nouvelle rubrique dont voici le cinquième volet dédié aux murs, murets, restanques, terrasses en pierres sèches.

 

Historique : Pourquoi des constructions en pierre sèche ?

D'abord il y a eu nécessité d'épierrer pour récupérer des terres jusque là impropres à la culture. Dans la seconde moitié du XVème siècle après la guerre de Cent ans la population a augmenté dans de telles proportions que la conquête de nouvelles terres sur les pentes et plateaux de Provence a été nécessaire. Les provençaux habitant ces contrées ont dû trouver des solutions pour vivre mieux : épierrer, défricher, construire des murets et des terrasses, semer, planter.

Construction : Les pierres étaient empilées avec soin, en "clapiers" ; elles étaient ensuite triées, dès qu'elles mesuraient plus d'une main de large elles servaient à édifier jour après jour des kilomètres de murs, de clôtures, de terrasses ou des milliers de cabanes. Il est probable que les murs de terrasses ont été réalisés avant les cabanes.

Les terrasses exigent un énorme travail de remodelage des versants, elles retiennent les terres et empêchent leur érosion, forment des surfaces horizontales convenant aux attelages, à l'irrigation par gravité, réverbèrent le soleil et permettent des micro-climats favorables.

Mais les règles majeures de la construction des terrasses sont le fruit ( les parements extérieurs d'un mur sont montés l'un vers l'autre légèrement en oblique ; ainsi le mur se resserre sur lui-même ) du mur plus ou moins accentué suivant sa hauteur, la qualité et le lit des pierres ( assise de la pierre placée de telle sorte qu'elle résiste bien à la compression et supporte le poids de la construction au-dessus ) qui le composent et la stabilité naturelle des terres qu'il retient.

Les fondations du mur sont essentielles de même que le drainage mis en place derrière le mur et qui consiste en un grand volume d'éclats de pierre susceptibles d'empêcher les terres argileuses gonflées d'eau de pousser le mur proprement dit.
Enfin le mur doit être couronné, c'est à dire terminé par une rangée de pierres de chant dressée verticalement ou en oblique, comme une rangée de livres, ou chargé de belles pierres plates et larges, ou au contraire de pierres irrégulières voire hérissées.

Ces différentes techniques sont employées suivant que le mur délimite une terrasse de culture, sert de clôture à une maison bourgeoise ou est destiné à empêcher le passage des bêtes.
Les terrasses ou bancau ou restanques peuvent alors devenir vergers ou jardins potagers.

 

oliviers en terrasses

 

Quels outils pour la pierre sèche ? : Un piochon à lame étroite et robuste pour l'épierrage et pour détacher les lauses, pierres larges et plates utilisées pour les toitures, une martelette pour dégrossir les pierres, un niveau, un cordeau, un fil à plomb et une échelle volante complètent cet outillage.

Un usage particulier : Le mur de la peste

Un peu d'histoire ! Le 25 mai 1720, le "Grand St Antoine", bateau venu du Levant, introduit la peste à Marseille. Très vite la peste se propage en Provence et atteint Apt en septembre.
Le Vice-Légat du pape, pour l'empêcher d'atteindre le Comtat, fait établir des barrières sanitaires sur ses frontières et construire une muraille de pierre sèche du Col de Lauzas près de Monieux jusqu'à la Baume entre Lagnes et Cabrières d'Avignon.

Dès juillet 1721, 1000 soldats comtadins empêchent quiconque de passer "la ligne". Un peu plus tard, Apt étant délivré du fléau, le mur jouera dans l'autre sens et ce sont les troupes françaises qui remplaceront les soldats comtadins. Elles y resteront jusqu'au 31 janvier 1723, lorsque tout danger sera écarté.

Construit dans l'urgence entre mars et juillet 1721, il a été utilisé jusqu'en 1723. Insolite, tantôt solide et haut construit, tantôt réduit en un tas de pierres, il est le témoin de la grande peste de Marseille qui fit périr 20% de la population du Comtat Venaissin.

Long de 25 km, et haut de 2m d'après les archives, il serpente à travers les Monts de Vaucluse - Cabrières d'Avignon, Lagnes, Fontaine de Vaucluse, Le Beaucet - et les constructions sont particulièrement nombreuses et intéressantes : 40 d'entre elles ont été répertoriées tous les 2m50.

* Les guérites semi-circulaires ont servi d'abris aux sentinelles en faction,
* Les corps de garde accueillaient 5 à 6 hommes,
* Les enclos aux formes et dimensions variées servaient d'entrepôts de vivres et de fourrage pour les chevaux et les mulets qui acheminaient le ravitaillement et l'eau.


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© Gilbert Bauer