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Rencontres insolites : les moulins hydrauliques, à huile et à farine

 

Avant-Propos

Nombreuses sont les rencontres lors de nos balades; vestiges et témoins d'un passé encore récent, les traces de charbonnières, fours à chaux, à cades, aiguiers, bories, moulins, etc., se succèdent.

Randonneurs, nous les cotoyons régulièrement, en connaissons (plus ou moins) leur usage, leur activité, les métiers y découlant. Je dis bien plus ou moins car hélas, le temps qui passe efface bien des souvenirs.

J'ai pensé qu'il ne serait pas vain de réveiller, de rappeler ce qu'étaient ces ouvrages, d'éclairer les visiteurs de notre si belle Provence, d'où la création de cette nouvelle rubrique dont voici le dixième volet dédié aux moulins à huile ainsi qu'aux moulins à céréales de type hydrauliques..

 

Bref historique de l'utilisation de la force hydraulique : l'utilisation de la force hydraulique date, semble-t-il du II°siècle avant notre ère, c'est à dire de la découverte de la roue. Celle-ci a permis, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, d'accomplir des tâches essentielles à l'existence de l'homme et de soulager sa peine.
L'hydraulique est à la base du développement industriel, les moulins ne sont pas les seuls concernés : scieries, papeteries,taillanderies, métiers à tisser, transformation du fer, des aciers et différents métaux ont également bénéficié de cette technique.

Le moulin à huile
    Principaux éléments :

  • La prise d'eau : - se situe en amont du moulin, sur le lit naturel d'un cours d'eau susceptible de fournir le débit et la puissance nécessaires à actionner une roue à aubes. Le plus souvent, elle combine une retenue avec un départ de canal.

  • Le canal ou "Béal" : - est taillé tour à tour dans le roc, creusé dans le sol ou maçonné et dont la pente est assez faible ; environ 4 cm par mètre.
    Une vanne ou "martelière" permet de réguler le débit et d'envoyer l'eau dans le canal ou la rejeter dans le cours d'eau.
    Sa masse constitue une force qui agit à la périphérie d'une roue (en dessus) qui comporte des aubes destinées à recevoir cette eau. Cette force détermine un couple qui imprime un mouvement de rotation. L'on conçoit bien que plus le débit d'eau est important, plus la force délivrée est grande et donc augmente la puissance de la roue.
    De même, plus la hauteur de chute de l'eau est importante, plus le diamètre de la roue sera important, donc le couple et par là la puissance seront important.
    Enfin, en partie basse de la roue, l'eau sera évacuée par un autre canal venant se jeter en aval du cours d'eau.

  • La roue à aubes : - c'est l'organe moteur du moulin. Elle comprend :
    - un axe qui sert à transmettre le mouvement de rotation, initié dans la roue.
    - des rayons de longueur variable en fonction du diamètre de roue déterminé par la hauteur de chute dont on dispose au droit du site.
    - des aubes destinées à recevoir l'eau du conduit supérieur; par la force qu'elle exerce sous l'effet de son poids, celle-ci détermine un couple qui imprime un mouvement de rotation. Cette roue est le choeur de la force hydraulique du moulin. C'est elle qui transforme l'énergie potentielle de la chute d'eau en énergie de rotation utilisable.

  • La meule : - c'est la pierre du moulin, une roue taillée dans une roche très dure (granit, silex, rhyolithe...) tournant au centre d'une grande cuvette à fond plat sur un axe disposé radialement et légèrement oblique, lui-même fixé sur un arbre vertical en pivot.
    La roue ou les roues (il y a souvent deux roues de part et d'autre de l'arbre vertical) tournent et ripes en même temps. Cet ensemble assure le broyage des olives et le malaxage de la pâte. Le fond de la cuvette est muni d'une trappe qui, en s'ouvrant, permet de recueillir la pâte dans une cavité située en contrebas.

  • La presse : - elle se compose d'une base fixe en liaison avec la partie supérieure solidaire du chassis. Une variante souvent utilisée est le type troglodyte où le bâti est encastré dans un mur ce qui confère une plus grande résistance à la poussée de la vis. Sur la partie supérieure généralement en forme de voûte, vient prendre appui la vis du pressoir. L'extrémité basse de la vis comporte un système à cliquet permettant l'utilisation d'une barre de force actionnée par un cabestan. En actionnant la vis, celle-ci vient presser la colonne de scourtins ce qui permet à l'huile de s'écouler. Le pressage des scourtins, sorte de bérets Basques, préalablement remplis de pâte d'olives broyées et empilées les uns sur les autres, se fait à froid et forme une colonne centrale ou deux colonnes côte à côte.

  • Cabestan et système de transmission : - le système de transmission permet de transférer le mouvement de la roue à aubes à la meule et au cabestan.
    Il comprend les renvois d'angles appropriés à l'installation et permet grâce à un nombre de dents déterminé de ces engrenages ou roues dentées, de donner une vitesse de rotation optimale (environ 8 tours par minute) à la meule pour assurer l'écrasement des olives dans de bonnes conditions.

    Le système transmet le mouvement de rotation à un cabestan; cylindre en bois qui lorsqu'il est enclenché par une pédale, entre en rotation et enroule une corde dont l'autre extrémité est liée à la barre de force citée auparavant.
    L'enroulement de la corde imprime une rotation angulaire de la barre de force et donc de la vis du pressoir. En relâchant la pédale en fin de course, le mouvement de rotation s'arrête.
    Enfin, un contrepoids et une corde agissent alors en sens inverse, déroulant la corde du cabestan; la barre décrit un arc de cercle en sens inverse, le système à cliquet empêche la vis de se dévisser et l'ensemble se remet en position initiale. Il ne reste qu'à enclencher le cabestan à l'aide de la pédale et recommencer jusqu'à la fin de l'opération de pressage.

  • Moulin à recence : - Complément du moulin traditionnel, il avait pour objet de retriturer le marc d'olives, qui après extraction de l'huile contenait encore des corps gras.
    Le fonctionnement est identique au moulin classique, on ajoute simplement de l'eau chaude au marc d'olives, pour une nouvelle trituration. A la fin de celle-ci, la pâte est envoyée dans une "laveuse", bassin circulaire juxtaposé à la cuve dans lequel arrive un courant d'eau froide. Des peignes agitent ce mélange.

    Les corps gras, 'principalement la pulpe) remontent à la surface et sont dirigés vers le bassin de décantation - "les enferts".
    Cette pulpe est prélevée, mise dans des "scourtins" et pressée. On obtient ainsi une huile de seconde qualité destinée principalement aux savonneries.

    Le "grignon", (débris de noyaux), après récupération est transformé en farine..
    Pour mémoire : les huiles de graines - arachide, principalement - viendront concurrencer l'huile de recence. Ces moulinscesseront de fonctionner vers les années 50.

    Voici donc résumée aussi brièvement que possible la constitution et le fonctionnement d'un moulin à huile à énergie hydraulique. Je ne m'attarderai pas sur les éléments annexes tels que bacs ou bassins de décantation, manière de receuillir l'huile, source d'eau chaude, rendements, variétés et classement des huiles, l'objet de cette rubrique se limitant à la description d'un élément rencontré lors d'une balade. Voyons plus loin les éléments constituant les moulins à céréales.

 

Cabestan = transmission

Cabestan et système de transmission
moulin à recence

Moulin à recence

 

Le moulin à céréales:
    Principaux éléments :

  • La prise d'eau : - ce qui a été dit pour le moulin à huile est commun au moulin à farine. A une nuance près : le plus souvent les unités à céréales étaient implantées sur de petits cours d'eau, d'où nécessité de créer une réserve d'eau et un puits de déversement.

  • Le canal ou "Béal" : - il est identique à celui du moulin à huile. Par contre, l'amenée d'eau récoltée dans une écluse ne viendra pas se jeter directement sur la roue à aubes, mais se déversera dans un puits.

  • Le puits : - cet ouvrage hydraulique est en maçonnerie et vient s'accoler au moulin. Sa hauteur et la verticalité déterminent le poids et la colonne d'eau qu'il contient, donc la puissance du moulin.
    L'eau, dont le débit est régulé par un canon formant robinet, est dirigée sur la roue à aubes.

  • La roue à aubes : - son principe de fonctionnement est pratiquement identique au moulin à huile, mais détail d'importance : sa position est horizontale au fond d'un bâti, avec ses aubes horizontales recevant la pression de l'eau. Un axe vertical sert à transmettre le mouvement de rotation à la meule supérieure, dite "courante".

  • La meule : - implantée au sommet du bâti maçonné, l'on y accède par un escalier (voir photo). La pierre, de même nature que celle du moulin à huile est constituée de deux éléments agissant par friction afin de moudre le grain.
    La partie inférieure dite"dormante" est fixe, reposant sur le bâti. A noter que l'on rencontre des meules cerclées de fer : elles sont en plusieurs éléments afin d'en faciliter le transport.
    La partie supérieure, mobile, dite "courante" est entraînée par la roue à aubes avec son axe.
    Un dispositif, "l'aiguille" agissant comme un levier sur l'axe cetral a pour objet de déterminer (en se soulevant) l'écartement entre la meule dite "courante" et celle dite "dormante" afin d'assurer la finesse de la mouture selon la qualité de farine désirée.

    L'alimentation de la meule se fait par une trémie située au-dessus de la meule courante. Cette trémie contient les grains qui vont descendre et passer par "l'oeillard" (cavité permettant au grain de s'écouler entre les deux meules) pour ensuite être broyés et ransformés en farine : celle-ci est rejetée par la force centrifuge dans un coffre en bois.


  • Le grain : - les céréales que l'ont portait à moudre étaient principalement de froment, culture dominante au XIX°siècle, mais aussi de seigle, d'orge ou encore d'épeautre.

Bâti de moulin

Détails meules dormante et courante
Meule

Une meule en pierre de pays


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© Gilbert Bauer